LAC 2
... Pour autant, l'allusion à la peinture est quasiment fortuite dans les
photographies de Christian Poncet, même si l'on ne peut s'empêcher de
noter la similarité de quelques effets de la technique du sténopé avec des
procédés anciens comme le tirage au charbon ou la gomme bichromatée
qui ont servi à concrétiser l'intention initiale du mouvement pictorialiste.
Son écriture photographique met en place une zone d'indistinction
entre le réel et l'irréel, entre le monde tel qu'on le reconnaît et tel qu'il
n'apparaît jamais sous nos yeux, comme ce paysage de montagnes,
romantique à souhait, qui environne un tremplin de skateboard étalé sur
toute la largeur de l'image. Avec une même étrangeté, on se retrouve
en pleine science-fiction avec un pont flottant, destiné à des baigneurs estivaux,
qui prend l'allure d'une station spatiale surplombant une planète.
Ces photographies nous communiquent un sentiment d'incertitude qui
vient des rêves : les horizons se rétrécissent et les limites qui séparent les rivages
de la mer et la mer du ciel s'estompent dans des valeurs de gris brumeuses,
différenciées seulement par leur degré de clarté. Dans des sites balnéaires
désertés, les rives ne sont plus qu'un décor de fond presque effacé pour laisser
place aux jeux graphiques des câbles, des amares, des drisses, des pantoires,
des pylônes ou des pilotis qui surgissent comme des fragments d'une architecture
imaginaire...
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Model:N/A